EDITH AZAM
Décembre m'a ciguë
"Le ciel se multiplie et me dépose au mieux lointain de ce que je crois être. L'étrange sensation d'une perte admise, recueillie. Une forme de légère bruine intérieure dont pas un seul mot ne parvient à en exprimer : la douceur. La douceur parce que, quelque chose, interminablement se poursuit. Il s'agit de la perte, sans doute oui, et d'une errance dans l'espace, en son creux. Exister, ne plus être, commencer ou finir : tout me paraît égal, dans une énergie souple et confiante. Une totale disparition qui m'apprend comment m'apparaître. Seule la vibration existe. Alors : que je me taise, qu'il y ait ce long silence du corps. Et, écrivant cela, il est bien évident que ce vers quoi j'aspire est au-delà du mort. Une fois encore je voudrais inventer un autre vocabulaire. Au fond comment penser réellement dans la langue si elle n'est pas, dès le départ, orpheline, c'est-à-dire sacrifiée : plus haute. Je reste longtemps dans la nuit, à m'agrandir du ciel qui repose sur mon front. Plus tard., je me reprends dans la parole, il est décembre, il est infernalement ce mois-là, ai-je vraiment notion des choses qui glaçonnent?"
"Tracer un cercle sur le sol, la terre à l'intérieur, y mettre la mémoire et la laisser trembler: dans la lenteur, qu'elle me traverse."
la note de lecture de Jacques Josse